mercredi 24 octobre 2012

Beau Travail – Claire Denis - la crise du Légionnaire

 
Beau Travail, c’est une adaptation lointaine du Billy Budd, marin, d’Herman Melville (le célèbre auteur de Moby Dick), d’où est également tiré l’opéra du même nom de Benjamin Britten. Dans la nouvelle de Melville, le capitaine d’armes John Claggart, fou de jalousie, s’emploie à causer la perte du jeune marin Billy Budd, au charme surnaturel, qui s’est attiré les faveurs de l’équipage et de son capitaine, Vere. Claire Denis s’inspire de cette trame, en reconstituant, au milieu de sa troupe de légionnaires, le triangle central : l’adjudant-chef Galoup, férocement interprété par Denis Lavant, tout en énergie et frustration contenues ; son commandant Bruno Forestier (Michel Subor), tout droit tiré du Petit Soldat de Godard (1963), en ayant conservé son nom, sa gourmette, le visage plus marqué et les cheveux plus blancs ; et Gilles Sentain (Grégoire Colin), le fabuleux légionnaire, droit, courageux, humble ; aimé de ses camarades, haï par Galoup.




Beau Travail se présente sous la forme d’une fable, ponctuée par des extraits de l’opéra de Britten. Le corps des légionnaires devient ballet, les danses et les gestes rythment la progression en apparence implacable du récit. Les airs d’opéra, graves, profonds, donnent à l’affrontement entre Sentain et Galoup une dimension brutale, fascinante, presque mythologique. Les corps à demi nu rappellent les chœurs antiques, ils marquent les étapes clés de ce qui s’annonce comme une tragédie.
 
C’est à Galoup, à ses souvenirs que nous devons le film. Retiré à Marseille, il évoque sa vie dans la légion, à Djibouti ; il nous emmène dans sa rêverie, peuplée des corps sveltes des légionnaires, rythmée par la routine qu’il aimait tant : entraînements, gardes, lessives, sorties… jusqu’au jour où l’élément perturbateur de son monde, « un type qui n’avait rien à faire là », arrive par un avion de France.



 

Galoup est tourmenté. Il jalouse le nouveau venu, Gilles Sentain, qui se distingue du groupe aux yeux du commandant Forestier par sa bravoure et passe pour un saint, véritable don du ciel. La haine de Galoup s’accroit, il met en place sa vengeance contre l’innocent : une punition injuste, une boussole déréglée, et l’abandon dans le désert de sel.

Inspiré des poèmes de Melville, Beau Travail est à sa manière un poème de cinéma. Les dialogues sont rares, les premiers échanges directs ont lieu au bout de vingt minutes de film. La voix off de Galoup, économe, se mêle aux corps et aux lieux (la ville de Djibouti, le désert, la Mer Rouge) ; à la musique (celle de Britten, de Neil Young, des boîtes de nuit), et nous entraîne dans son monde, au gré d’une caméra toujours placée à l’endroit qui fera sens. La narration est plastique ; ce sont les lignes, les mouvements qui se chargent de porter le récit, de façon visuelle, sensuelle.



Les légionnaires s’entraînent rudement, pourtant leur combat est intérieur. Galoup se sent seul ; Sentain, est orphelin ; Forestier contemple son reflet, seul face au miroir. Trois volcans entourent le campement provisoire établi par Galoup et ses hommes, qui doivent bien « transporter tous une poubelle au fond d’eux », veut se rassurer Galoup, tandis qu’il perd pied. Les face-à-face succèdent aux scènes de groupe. Des moments irréels traversent le film, pourtant ancré dans une certaine réalité sociétale, presque politique, celle des vestiges de la présence française à Djibouti. A l’aube, les soldats portent l’un des leurs en triomphe dans les rues de la ville (scène directement tirée du récit de Melville), traversées au même moment par un Galoup fantomatique, en chemise noire –peut-être homme qu’il aurait rêvé d’être, dans une autre vie ?

A l’origine du projet, une commande d’Arte, sur l’Etranger. Claire Denis pense alors à « légion étrangère », et l’imagine à l’Est de l’Afrique, du côté de Djibouti. Elle a passé son enfance en Afrique, c’est un continent qu’elle revisite dans beaucoup de ses films –de Chocolat, son premier long-métrage (1988), situé au Cameroun, à son dernier en date, White Material (2009), situé « quelque part en Afrique », dans un lieu imaginaire. Dans Beau Travail, la caméra d’Agnès Godard capte les corps dans leurs mouvements d’ensemble chorégraphiés par Bernardo Montet (également l’un des légionnaires), et ils s’inscrivent, de manière presque indissociable, dans l’immensité désertique, où l’on imagine sentir la chaleur sur les corps, le vent dans les herbes rares, le sel de la mer. Le groupe hétéroclite, constitué de véritables légionnaires, de danseurs, d’acteurs –dont certains apparaissent régulièrement dans la filmographie de Claire Denis (Grégoire Colin, Nicolas Duvauchelle)-- s’est constitué et soudé au cours d’un important travail de répétition, en amont du tournage. La caméra les suit au plus près, de manière simple et élégante, faisant vivre le cadre, nous embarquant à leurs côtés. 



La menace pèse, les tensions sont nombreuses. Un hélicoptère explose en plein vol, c’est un accident, qui cause une victime pourtant. Sentain se blesse au pied. Galoup inflige à l’un de ses hommes une dure punition. Les légionnaires parcourent les rues de la ville de Djibouti, comme des intrus ; ils tranchent avec la population, par leur démarche, leurs uniformes qui crient leur différence. Les soldats construisent une route, les Djiboutiens les scrutent, les regards sont parfois tranchants mais personne ne passe à l’acte. Si les légionnaires se battent, c’est entre eux, autour d’un feu de camp. A la danse et aux chants succède le combat. Ces deux aspects coexistent d’ailleurs tout au long du film. Galoup danse, avec Sentain ils exécutent une ronde menaçante, tendue par un regard de haine, mais aussi de désir. Galoup semble être en proie à une dure lutte intérieure, qu’il taira aux légionnaires comme aux spectateurs jusqu’à sa danse finale, libératoire –peut-être enfin débarrassé de la pesanteur qui caractérise les vivants ? Quoi qu’il en soit, le flot de son énergie contenue explose, il exécute cette danse en solitaire, irréelle, et sans témoins, comme en écho aux danses du début qui mêlaient légionnaires et danseuses djiboutiennes. 




Le lieu est si fort, si présent, que les personnages semblent se dissoudre en lui. En l’absence de dialogues écrits, les acteurs se laissaient habiter par les décors naturels. Les chorégraphies également se mettaient vraiment en place sur les lieux du tournage. Dans le récit, les hommes et leurs actes sont souvent représentés par des signes, des symboles. Après la gourmette de Forestier, la boussole de Sentain, aussi dangereuse qu’une grenade. Sentain disparaît, ne laissant derrière lui que cette boussole défectueuse trafiquée par Galoup. Cette boussole, c’est un peu lui, réincarné dans le paysage.

Contrairement à ce que l’on pouvait croire, l’issue du film n’est pas réglée d’avance. C’est l’incertitude, la possibilité d’un espoir, ou l’imagination pure qui le font dévier de sa trajectoire tragique –certes, vers une autre, pas forcément plus heureuse. Le point de vue de Galoup narrateur a ses limites ; la caméra nous donne à voir des choses dont il n’a pu avoir connaissance directement, ou qu’il imagine peut-être, on ne le saura pas avec certitude. Comme dit Galoup, tout dépend du point de vue. Le film épouse un certain point de vue et nous suggère la richesse des autres possibles. Rien n’est figé.

Claire

 
Liens :

Critiques du film :
· Critique des Inrocks :
« Beau travail est un objet filmique captivant de bout en bout, une preuve superbe et tangible de cinéma comme art de l’altérité, une manifestation supplémentaire de la puissance d’expression et de la singularité du talent de Claire Denis. » (Serge Kaganski)

· Critique de Chronicart :
« Grâce à Claire Denis, les lieux et les corps qui les habitent ont recouvré leur juste dimension, celle d'éléments signifiants, et, en l'occurrence, sublimés par le regard d'une grande artiste. » (Yann Gonzalez)

· Critique de Libération :
« Si Beau Travail est si beau, c'est que le plus calmement du monde il touche du doigt ce qui nous travaille, nous fissure (l'obsession, la mémoire, la mort annoncée) et lentement nous désagrège. » (Jean-Marc Lalanne)

· Critique de Télérama :
« Rêverie libre et intense, Beau Travail enjambe donc souvent le fil du récit pour capter les sensations contradictoires d'êtres humains qui n'ont trouvé qu'un moyen de calmer leur cerveau effaré : fatiguer leur corps. » (Marine Landrot)

· Critique de l’Express :
« Beau Travail, de Claire Denis (J'ai pas sommeil), est un requiem laconique pour un corps d'armée finissant - les légionnaires cassent des cailloux car ils n'ont pas de guerre à faire - un poème godardien, d'après Herman Melville, sur la physique et la chimie des corps. » Sur Bernardo Montet :

· Critique du New-York Times :
« Although the films of Claire Denis have always displayed a cool, vaguely hallucinatory appreciation of the surfaces of the world, none of this gifted French filmmaker's previous work has prepared us for the voluptuous austerity of ''Beau Travail.'' » (Stephen Holden)

· Critique du Guardian :
« Never for one moment does this shimmering, simmering emotional desert storm of a film relax its grip on your senses. » (Peter Bradshaw)


Articles sur le film :

· Texte de Jean-Luc Nancy dans Vacarme : « Paradoxe - qui appartient à Claire Denis, et qui doit peu à Melville, ou que Melville exploite peu : celui qui perd le sauveur appartient à l’ordre impeccable - c’est le cas de le dire ! - que la Légion symbolise ici : ordre de l’armée ou ordre monastique (l’équivalence est posée dans Melville), ordre rituel (tout le film est scandé par les figures d’un rite, ses chants, ses marches, ses observances), ordre enfin de beauté accomplie, puissante et harmonieuse, dont les corps des hommes sont ici l’incarnation. » (Jean-Luc Nancy)

· Long post de Jonathan Rosenbaum, critique emblématique du Chicago Reader de 1987 à 2008 :
« I know it sounds fancy to say this, but the difference between Claire Denis’ early work and Beau travail, (…) is quite simply the difference between making movies and making cinema. » (Jonathan Rosenbaum)

· Série d’articles sur différents films de Claire Denis dans Kino-Eye : articles sur Beau Travail, Chocolat, Trouble Every Day, J’ai pas sommeil. « Her powerfully emotional films are filled with literary references and the sorts of marginalised characters usually absent from mainstream cinema. »

· NY Press : «  Beau Travail’s Frantz Fanon-meets-Antonioni rigor is alive with thought. » (Armond White)  

Entretiens avec Claire Denis :

· Dans Vacarme avec Jean-Philippe Renouard & Lise Wajeman : «  J’ai toujours eu de la méfiance — pour moi, pas pour les autres — vis-à-vis des films où la dynamique dramatique se réduit à l’opposition du Bien et du Mal. » (Claire Denis)


· Dans The Guardian avec Jonathan Romney : « for me, cinema is not made to give a psychological explanation, for me cinema is montage, is editing. » (Claire Denis)

· Pour Allociné, sur l’origine du projet :


Influences :

· Billy Budd, Sailor, d’Herman Melville : le texte original de la longue et ultime nouvelle du poète, en anglais :

· Traduction de deux poèmes de Melville qui ont inspiré Claire Denis :

Marche de nuit

Drapeaux roulés, clairons muets,
Une armée passe dans la nuit ;
Lances et casques saluent le soir.
Les légions ruissellent sans bruit,
Marchant librement, en bon ordre,
Ruissellent et luisent dans l'immense plaine,
Point de chef que l'on ne puisse voir

De l'or dans les hauteurs

De l'or dans les hauteurs
Et de l'or dans le val,
La convoitise au cœur,
Pour le ciel nulle part
Pour l'homme nul bonheur

· Quelques extraits de l’opéra Billy Budd de Benjamin Britten :

· Les films de Léos Carax, proche de Claire Denis. Pola X notamment, également une adaptation de Melville, Pierre ou les Ambiguïtés, est produit la même année (1999). On y retrouve Katerina Golubeva, également présente dans J’ai passommeil (1994) et L’intrus (2004) de Claire Denis, ainsi que plusieurs des collaborateurs habituels de la cinéaste (Jean-Pol Fargeau au scénario ; Nelly Quettier au montage). Denis Lavant, rôle principal de Beau Travail, est aussi l’acteur principal de presque tous les films de Carax. La scène finale de Beau Travail est une référence explicite à la danse acrobatique de Denis Lavant dans Mauvais Sang (1986).

· Le Petit soldat, de Jean-Luc Godard (1963). Sur fond de guerre d’Algérie, une source d’inspiration majeure pour la cinéaste, directement à l’origine du personnage de Michel Subor, Bruno Forestier.

· Querelle, la célèbre adaptation du récit de Jean Genet par Rainer Werner Fassbinder (1982). Dans Querelle de Brest, le roman de Jean Genet (1947), les extraits des carnets du lieutenant Seblon, qui font penser à ceux de Galoup, sont mêlés aux aventures de Querelle. Tandis que le film de Fassbinder est centré sur Querelle, le matelot objet du désir, le film de Claire Denis se focalise sur les émotions de Claggart (Galoup), et non Billy Budd (Sentain).



vendredi 5 octobre 2012

Que font-ils ? Un point sur quelques cinéastes projetés aux Couleurs de la Toile


La Terre tourne et les cinéastes avec. Si ce n’est un axiome, c’est en tout cas une réalité factuelle qui ne peut que nous réjouir. A la fin de notre cinquième cycle, nous aurons projeté 40 cinéastes différents, essentiellement vivants et actifs ! Alors que nous débutons notre cinquième saison, je me suis demandé où en étaient certains des réalisateurs que nous aimons. Voici donc un petit tour de ce qu’il est possible de trouver concernant les projets et futurs films de plusieurs cinéastes présentés aux Couleurs de la Toile. 


Park Chan-wook

Le dernier projeté en date était Park Chan-wook, l’un des cinéastes coréens à avoir ranimé la flamme et l’intérêt pour cette cinématographie au niveau mondial. Apres plusieurs années à refuser les appels de l’outre-Atlantique, Park Chan-wook a finalement succombé aux sirènes hollywoodiennes, je l’espère pour le meilleur. Les premières images de son nouveau récit vampirique, intitulé Stoker, ont été présentées en septembre. La première vidéo reste énigmatique mais prometteuse. Loin de se satisfaire d’un seul projet, l’homme est également coscénariste de la très attendue et ambitieuse adaptation du Transperceneige (bande-dessinée de Jean-Marc Rochette, française de surcroît) réalisée par un autre talent du cinéma Coréen, Bong Joon-ho. Au passage, le tournage de cette adaptation est en principe terminé, donc voila un projet qui pourrait faire les joies des cinéphiles sur la Croisette 2013 si la postproduction est dans le temps. 



Le Coréen ne s’arrête plus puisque certains médias ont évoqué son implication dans un western, The Brigands of Rattleborge ainsi que dans la réalisation de Corsica 72, film noir scénarisé par Neal Purvis et Robert Wade, scénaristes de plusieurs des récents James Bond. Il s agirait d une sorte de triangle amoureux avec du suspense et quelques crimes, le tout en Corse ! Donc l’ami Chan-wook ne doit pas trop s’ennuyer en ce moment, d’autant que Spike Lee poursuit le remake de Old Boy (vous avez peur, moi aussi, malgré tout mon respect pour Lee). 



(Et pour la petite info, si vous n’avez pas vu Lady Vengeance en juin dernier, sachez qu’une nouvelle projection aura lieu en janvier au cinéclub Lavoisier, toujours au Studio des Ursulines).

Jeff Nichols

Comme je suis du côté américain, j’en profite pour glisser quelques mots sur Jeff Nichols dont nous avions projeté Shotgun Stories et dont le dernier film Mud fut présenté à Cannes en 2012. La sortie de Mud, un temps annoncée pour le 19 décembre en France a été repoussée au 17 avril 2013 (pour correspondre à la sortie US notamment). Il faudra donc attendre un peu pour découvrir ce nouveau bijoux. Jeff Nichols ne se repose pas pour autant puisqu’il pourrait se lancer dans l’adaptation de The Boy Who Played With Fusion de Tom Clynes sorti en mars 2012, dont les droits ont été acquis par Chernin Entertainment (producteurs entre autres de La Planète des Singes : les origines). Il s agit d’une histoire vraie comme les Américains en raffolent tant avec un adolescent de 14 ans qui aurait réussi à refaire une fusion nucléaire. Cette jolie histoire (oui car il y a aussi une grand-mère atteinte d’un cancer que le garçon espère soigner) pourrait sans doute être magnifiée par le style de Nichols qui poursuivrait dans la lignée de Mud son travail avec des enfants.



Richard Kelly

Autre Américain et jeune prodige salué dans les années 2000, Richard Kelly n’a hélas pas eu tout à fait la même carrière que Nichols. Son dernier long métrage, The Box, datant de 2009, avait divisé comme la majeure partie de sa filmographie, mais Kelly est à l’œuvre depuis un moment sur un projet intitulé Corpus Christi. Bon évidemment, comme aucun de ses précédents chef d’œuvres n’a marché, c’est un brin compliqué de trouver des financements. Mais après plusieurs péripéties, il semblerait que Robert Rodriguez et Eli Roth aient mis de l’argent en soutien. Edgar Ramirez, le Carlos de Monsieur Assayas, est de la partie devant la caméra pour donner vie à cette histoire de vétéran traumatisé de la guerre d’Irak qui se lie avec un industriel texan dans une amitié dangereuse. Jusqu'à fin septembre, le projet restait encore un peu maigre. Un nouveau rebondissement a surgi alors de nulle part puisqu’un autre projet a été annoncé au même moment, incluant le nom de Nicolas Cage. Seul un fou comme Cage pourrait permettre de développer un projet avec un réalisateur par forcement en état de grâce, et ce projet se nomme « Amicus ». Il s’agirait d’un polar noir sur une histoire vraie (incroyable ! une histoire vraie…). Il serait question d’un homme engageant un tueur pour se débarrasser de sa famille (et il doit avoir de bonnes raisons) et de son procès aux multiples rebondissements.  L’histoire tournerait notamment autour d’un livre, « Hit Man : A Lawyer tells the true story of Murder by the Book ». Le tournage pourrait débuter l’année prochaine et deviendrait finalement le prochain long-métrage de Richard Kelly. Un film présenté comme plus traditionnel dans la narration ? Voila peut-être enfin une œuvre de Kelly qu’ira voir le grand public. 



Paul Thomas Anderson, John Cameron Mitchell et Gregg Araki

Et sinon ? Et bien Paul Thomas Anderson, dont on pourra découvrir The Master en janvier 2013, pourrait se pencher sur une adaptation d’un livre de Thomas Pynchon ; John Cameron Mitchell (Hedwig and the Angry Inch) a tourné deux courts films dont un pour Dior et apparaîtra normalement devant la camera (sans doute assez brièvement) dans Nous York, de Herve Mimran et Geraldine Nakache ; quant à Gregg Araki, il devrait nous proposer très prochainement son White Bird, un drame autour d’une jeune fille dont la vie est chamboulée après la disparition de sa mère. 



Andrea Arnold

Petit détour chez les Britishs pour se changer les idées avec une autre malheureuse aventure cinématographique. Les Hauts de Hurlevent, (Wuthering Heights), l’adaptation par Andrea Arnold du classique d’Emily Brontë, aura mis un an également à sortir, après pourtant un bon accueil à Venise 2011. Il s’agit sans nul doute de l’un des plus beaux films de l’année. Andrea Arnold part d’un récit d’époque pour tirer une expérience sensorielle et impressionniste magnifique, filmée en format 4.3, témoignant au passage de sa capacité à conserver une cohérence formelle et thématique tout en offrant une œuvre singulière. Le film sort aux Etats-Unis ce mois-ci, et sortira finalement sur les écrans français le 5 décembre. Du coup, je n’ai rien trouvé d’autre sur les projets d’Andrea Arnold, membre du jury à Cannes en 2012 en lot de consolation et positionnée à la dixième place d’un sondage du Guardian concernant les 23 meilleurs réalisateurs en activité, mais la vie de ce troisième long métrage a déjà dû l’occuper pleinement.  




Lars Von Trier 

Et pour le reste de l’Europe alors ? Cela n’est une nouvelle pour personne, mais Lars Von Trier entame son colossal projet intitulé Nymphomaniac, narrant la vie sexuelle d’une femme sur plusieurs décennies, qui devrait être un film de très longue durée, avec probablement une version plus light pour une carrière en salle. Le projet compte déjà quelques noms d’acteurs curieux de passer par la moulinette de Von Trier dont pour la troisième fois Charlotte Gainsbourg, mais aussi Christian Slater, Jamie Bell et Shia LaBeouf. Et la question que tout le monde se pose demeure de savoir si Cannes acceptera d’accueillir cet enfant terrible après avoir déclaré Lars persona non grata en 2011.


Paul Verhoeven

Le Néerlandais (et un peu Américain aussi) Paul Verhoeven se lance dans plusieurs projets pour sa part. D’un côté, il souhaiterait proposer sa version de Jésus de Nazareth, histoire d’être dans la tendance du Péplum biblique revival  entre le Noé de Darren Aronofsky et l’Exode selon Ridley Scott. Avant cela, celui dont on bafoue la carrière à coups de remakes indigestes (Total Recall, Robocop pour l’heure, et pourquoi pas Basic Instinct 3 tant qu’on y est,  évidemment toujours avec Sharon Stone) vient de finir Tricked, sur un magnat immobilier un tantinet coureur de jupons jusqu’au jour où une de ses anciennes conquêtes, enceinte, ressurgit lors de sa soirée d’anniversaire, devant l’épouse de ce denier. Cela semble classique, mais avec l’outrance dont est capable Verhoeven, rien n’est vraiment sûr.



Tomas Alfredson

Dernier Nordique mentionné ici, Tomas Alfredson, qui a connu un joli succès avec Tinker Taylor Soldier Spy, pourrait d’un côté travailler sur la suite de son film d’espionnage (oui parce qu’il y a deux livres de John Le Carré avec le même protagoniste dont un nommé Smiley People), et de l’autre s’impliquer dans l’adaptation d’un livre pour enfants intitulé The Brothers Lionheart, sorte de voyage fantastique de deux jeunes frères à travers un monde despotique. Tout cela n’est pas encore très clair, mais nous avons hâte de voir la suite des œuvres d’Alfredson. 

 
 
Corneliu Porumboiu

Pour le plaisir, un rapide mot sur Corneliu Porumboiu, l’auteur de 12h08 à l’est de Bucarest et Policier, Adjectif. Son nouveau projet a reçu un financement d’une nouvelle aide pourvue par le CNC français, (l’Aide aux Cinémas du Monde). Le film s’appellerait Un intervalle de 9 minutes. Aucune idée de synopsis pour l’heure, mais à suivre de près pour une potentielle présence cannoise.

Arnaud Desplechin

Bon je sens que vous en avez mare d’entendre parler de films que nous ne verrons que d’ici un ou deux ans. Si cela peut vous consoler concernant les films français, rien ne filtre concernant un nouveau film de Maïwenn, tandis que le Jimmy Picard d’Arnaud Desplechin (adaptation du livre Psychothérapie d’un Indien des Plaines de Georges Devereux), avec Mathieu Amalric et Benicio Del Toro, a été tourné cet été,  donc on devrait en entendre parler au plus tôt pour Berlin ou sinon pour Cannes. 
 
La suite au prochain épisode. 

Emeric



Pour aller plus loin : 

Sur Park Chan-wook : 

 



 Jeff Nichols : 


Richard Kelly : 





http://blogs.indiewire.com/theplaylist/nicolas-cage-richard-kelly-together-at-last-in-true-crime-thriller-amicus-20120926

 Autres auteurs Américains : 




http://www.variety.com/article/VR1118056084

Andréa Arnold : 


Paul Verhoeven : 


 http://www.deadline.com/2012/06/paul-verhoeven-finds-backing-and-a-writer-for-controversial-jesus-christ-movie/

 Thomas Alfredson : 



Corneliu Porumboiu : 


Sur Arnaud Desplechin :